Le temps de l’Afrique se lit dans l’histoire des espaces de vie des africains. Or l’histoire de l’urbanisation des villes africaines est enchevêtrée de plusieurs facteurs. A l’occupation clanique, tribale, voire « ethnique » de l’espace, s’est progressivement ajoutée l’occupation économique par les contraintes du commerce, l’occupation administrative par les réquisitions étatiques pour les routes et bâtiments publics, l’occupation volontariste des nouveaux citoyens épris de cosmopolitisme, l’occupation opportune des exilés africains en quête de ré-immersion sociale, l’occupation informelle du grand nombre sous la pression de l’exode rural et de la prolétarisation massive des banlieues de villes, etc. Les quartiers ou communes des villes africaines n’ont donc pas la même forme architecturale, la même composition de populations, les mêmes besoins et désirs, les mêmes arts de vivre, les mêmes traditions sociales, économiques ou politiques. (Pr Franklin Nyamsi)

LE MONDE DES ENFANTS, « Vivons ensemble autrement»

lundi 27 décembre 2010


La société et leurs enfants ou les enfants et leur société ?...Depuis la création des droits de l'homme et du citoyen en 1789, l’âge, le sexe, la couleur de la peau et/ou les classes sociales se posent comme problématique de distinction de chaque groupe dans le but de régir leur protection. 
Cette problématique est liée au fait qu’un seul texte n’était pas suffisant pour garantir les meilleures condition de vie et de liberté de tous êtres humains de la terre. Ainsi, un premier groupe, et pas les moindres, a commencé à faire parler de lui : c’est celui de la femme.Les droits de la femme et de la citoyenne voient le jour en 1791.
Cette période marque le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle vision de la société sur certaines couches considérées comme vulnérables et nécessitant une protection particulière. Cette nouvelle tendance a pour objectif de permettre à chacun d’être libre et de bénéficier des mêmes droits, sans oublier leurs devoirs.
Cette nouvelle ouverture est un prétexte pour poser le problème des enfants qui n’avaient ni droits, ni liberté, ni même l’éducation qui n’était réservée que pour les nantis et les privilégiés, avant 1841. La baisse de la natalité au XIXème siècle est décriée et le modèle de l’ « enfant-roi » commence à se répandre et bien d’autres situations sont à l’origine de la toute nouvelle attention portée aux enfants. L’enfant devient précieux et acquiert alors une nouvelle valeur.
C’est depuis cette période qu’est mise en place la première loi sur la protection des enfants qui ne sont pas admis à exercer un travail avant l’âge de 8 ans. C’est donc le début de tous les chantiers de la modernité sur la considération et la vision du concept de l’enfant. Cette modernité se déroule en deux phases. La première phase commence au milieu du XXème siècle de l’évolution de l’enfant et la deuxième phase a commencé depuis le début des années 1960. La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) est donc le résultat de ce long processus de plus de dix années de travaux et de réflexion dont j’ai fait l’économie ici. Ce texte a été adopté par la communauté internationale le 20 novembre 1989.
Les conditions de vie et la protection des enfants dans le monde et plus particulièrement au Cameroun seront l’objet de notre rendez-vous périodique pour associer votre voie à celle de tous les acteurs qui agissent quotidiennement et directement ou indirectement à une amélioration des conditions de développement et de croissance des enfants qui n’ont besoin que de notre soutien. Au fait, de quoi s’agit-il lorsque l’on parle des enfants ?
Pour beaucoup, un enfant est un individu dont l'âge se situe entre la naissance et la puberté. Selon l’idéologie dominante, celle contenue dans les grands textes internationaux, les conventions des droits, etc., mettent en exergue la pensée du XIXe siècle des pays du Nord. Pour définir l’enfant, les expressions comme « monde à part », « innocence », « ignorance », « naïveté », etc., étaient les plus usitées. Du coup l’enfant est considéré comme un sujet, une victime dans le monde de la production et non comme un acteur. Cette phase d’apprentissage de la vie ne lui donne pas le droit à la parole car, « il doit être pris en main, protégé, éduqué, conduit vers le stade adulte ». Or, Bonnet (2000) démontre que la réalité est tout autre chose. Ces enfants doivent être considérés comme des acteurs car ils sont le porte flambeau de leur famille, pour la plupart sinon tous. La notion d’enfant dans la pratique est polysémique. On la déconstruit par la distinction entre « enfance » phénomène de nature et « enfant » phénomène de culture.
Pour le courant de la perception sociale, l’objectif est de travailler sur la façon dont un sujet (adulte) perçoit autrui (enfants). Il est donc question pour moi ici d’attirer votre attention sur la perception dont chacun de vous avez sur les notions ambiguë que sont l’ « enfance » et l’ « enfant ». C’est l’occasion pour moi ici de vous amener à réviser votre posture car je suis persuadé qu’elle reste encore figée sur certaines appréhensions que nous avons reçu depuis le monde de la pensée unique nous envahit. C’est une posture à laquelle il nous sera difficile de soutenir ici d’autant plus que je vous invite à avoir un autre regard sur les enfants aujourd’hui ; comme l’illustre notre slogan « vivons ensemble autrement ». Cette nouvelle vision m’a été inspiré par A. de Saint Exupéry qui affirme comme pour avertir : « nous n’héritons du monde de nos parents, nous empruntons le monde de nos enfants ». A nous tous de cogiter et de comprendre l’ampleur et le poids de cette affirmation qui sonne comme un avertissement pour ceux ou celles qui pourraient encore considérer cette couche sociale comme des moins que rien.
Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) a mis en place un projet appelé « Programme d’étude sur l’enfance et la jeunesse » et il a pour objectif de renforcer les capacités analytiques sur les problèmes des enfants et des jeunes en Afrique et ailleurs dans le monde. Il s’avère donc que toutes les analyses que nous aurons à assumer ici seront les résultats des études purement scientifiques. Le contenu et le contexte de crise de développement dont souffre le continent Africain est et la question de l’enfance et la jeunesse sont des phénomènes qui sont en relation permanente. C’est ce qui va nous pousser, dans beaucoup de cas, à appréhender la problématique des conditions de vie et la protection des enfants dans la perspective de la pauvreté et du sous-développement
Le CODESRIA est né en 1973 de la volonté des chercheurs africains en sciences sociales (sociologie, histoire, psychosociologie, géographie, anthropologie,…) de développer des capacités et des outils scientifiques susceptibles de promouvoir la cohésion, le bien-être et le progrès des sociétés africaines. Ceci passe évidemment par l’émergence d’une communauté panafricaine de chercheurs actifs, la protection de leur liberté intellectuelle et de leur autonomie dans l’accomplissement de leur mission et l’élimination des barrières linguistiques, disciplinaires, régionales, de genre et entre les générations.
Le thème que j’aurais l’occasion de vous présenter prochainement s’intitule : « Enfants de rue et jeunes marginalisés : Conditions de vie des enfants et des jeunes marginalisés ». Il est orienté essentiellement les conditions de vie des enfants et des jeunes marginalisés avec un accent particulier sur les enfants de la rue et des jeunes marginalisés. Ce qui nous intéresse dans cette étude c’est le lien que les chercheurs africains ont fait entre, d’une part, les phénomènes des enfants de la rue, la jeunesse marginalisée c’est-à-dire la marginalisation des enfants et les jeunes, et d’autre part, l’instabilité politique, les conflits, le retrait ou la démission de l’Etat, les politiques de marchandisation et les maladies telles que le VIH/SIDA. C’est donc un thème important dans le champ sociologie du changement social en Afrique car il a été mis en évidence par le contexte de conflit, de maladies, de déclin économique prolongé, et de changements démographiques qui ont marqué la politique, l’économie et la société sur le continent.
Les explications traditionnelles dominantes que l’on donne sur les désavantages et désaffections des enfants et des jeunes sont d’ordres politiques, économiques, sociaux et démographiques. « la structure changeante de la famille, le déclin de la « tradition », le peu d’attrait de l’éducation formelle, et les changements dans les valeurs sociales sont toujours généralement pertinentes, de nouveaux facteurs liés aux processus accélérés d’urbanisation qui généralement vont de pair avec l’expansion du secteur informel, aggravant les inégalités sociales dans le contexte d’effondrement de la politique sociale, un accroissement des flux migratoires à l’intérieur et à travers les frontières, et l’incidence massive et accélérée des processus et tendances mondiales sur les contextes locaux, entre autres, ont grandi en signification pour mériter une attention plus soutenue ». Le principal lieu de repère des enfants de la rue et les jeunes marginalisés est le centre urbain, lieu de changement social et de brassage ethnique de toute sorte. La ville sera donc notre lieu par excellence de nos rencontres avec les jeunes et les enfants.
Au cours de nos prochains articles, nous serons amenés à vivre les conditions naturelles de la vie de ces acteurs. Vous serez donc invités à participer activement à animer cette rubrique pour la faire vivre.
Au total, ce que je retiens me confirme sur le regard que porte notre société sur ses enfants et jeunes. Notre société aime les enfants et les jeunes, elle en fait son avenir. Ils apportent de la joie dans la vie. Mais notre société (comme beaucoup d'autres ailleurs et de tous temps!) a aussi peur de sa « jeunesse », peur de ses « enfants ». Elle cherche à s'en protéger au lieu de lui faire confiance.
Quel dommage!.
./-

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