Le temps de l’Afrique se lit dans l’histoire des espaces de vie des africains. Or l’histoire de l’urbanisation des villes africaines est enchevêtrée de plusieurs facteurs. A l’occupation clanique, tribale, voire « ethnique » de l’espace, s’est progressivement ajoutée l’occupation économique par les contraintes du commerce, l’occupation administrative par les réquisitions étatiques pour les routes et bâtiments publics, l’occupation volontariste des nouveaux citoyens épris de cosmopolitisme, l’occupation opportune des exilés africains en quête de ré-immersion sociale, l’occupation informelle du grand nombre sous la pression de l’exode rural et de la prolétarisation massive des banlieues de villes, etc. Les quartiers ou communes des villes africaines n’ont donc pas la même forme architecturale, la même composition de populations, les mêmes besoins et désirs, les mêmes arts de vivre, les mêmes traditions sociales, économiques ou politiques. (Pr Franklin Nyamsi)

Vision

Dans le but de faire comprendre le sens de notre action, nous vous invitons à vous imprégner de la philosophie que nous nous sommes donnée et qui est consécutive aux travaux de recensement et d’études sociologiques menés en faveur de la couche sociale concernée. Cette vision va en droite ligne de la conclusion de ces travaux, qui a abouti au constat, plus ou moins discutable, selon lequel : « Développer des espaces d’autonomie pour l’enfant, sans réduire pour autant sa protection, est un moyen de développer sa responsabilité afin de lui apprendre son futur rôle de citoyen ». Le constat sur le terrain est sans équivoque : la récurrence du phénomène du travail des enfants est l’un des exemples qui montrent que, d’une manière ou d’une autre, les enfants, dans une situation de travail, pourraient acquérir une certaine autonomie vis-à-vis des parents/tuteurs. La question qui reste posée est celle de savoir si le travail est le meilleur espace d’autonomie tant convoité par les enfants pour se l’approprier? La réponse est négative. Les trois projets ci-dessous sont des stratégies de réponse à ces besoins. Avant d’y arriver, nous vous invitons à la découverte de la vision de notre action.

  • PROLEGOMENE
Le 21ème siècle est particulièrement caractérisé par les crises sociales qui secouent le monde entier. Dans les pratiques des résolutions de ces crises, beaucoup d’idéologies ont surgi afin de mettre en exergue les éléments de compréhension et de résolution. Des positions très radicales, comme la philosophie classique et traditionnaliste, considèrent que le non-respect des principes de base du consensus social est préjudiciable pour le maintien de la cohésion sociale qui fait l’objet des critiques en ce moment. Pour ce qui concerne les tenants des idéologies nouvelles dites modernistes, le temps évolue et les moeurs avec. Par conséquent, d’autres modèles de vie doivent être considérer et apprécier à sa juste valeur. Le non-respect de cette posture va engendrer la perpétuation de certains phénomènes normaux (fait social normal) qui seront considérés, à tort, comme fléaux.

Il n’en demeure pas moins vrai que ces deux discours continuent, jusqu’aujourd’hui, à dominer les débats sur les stratégies à prendre pour comprendre ces phénomènes. Parmi ces phénomènes sociaux, qui ont fait l’objet des débats houleux depuis les années 1980, reste et demeure : le travail des enfants.

Le constat qui s’impose actuellement est que, dans toutes les études faites sur les conditions de vie de l’enfant, ou encore le mode de transformation et de développement de l’enfant découle de la vision que les adultes se sont faite et se font de l’enfant (Ariès, 1973). Des représentations que les adultes se font des enfants sont diverses selon les cultures et les régions.

La transformation apportée par la révolution romantique à travers l’héritage de Rousseau que nous pouvons découvrir dans certains textes de Brougère (1995), les analyses de la situation des enfants en Afrique à travers les études de Tchakounté (Mémoire DEA-2010) et la Convention Internationale des Droits de l'Enfant adoptée le 20 novembre 1989 par les Nations Unies à l'unanimité, nous font dire que cette vision des enfants par les adultes a marqué de grands pas. Avec eux, « l'image de l'enfant devient résolument positive, porteuse de valeurs diverses, en particulier au niveau de l'imagination, la création, la poésie » (Brougère). Ce qui est alors paradoxal, et là est notre problématique, c’est de constater qu’entre les pratiques et les représentations qu’on se fait de l’enfant se trouve un grand fossé. Les enfants font encore l’objet d’exploitations très diverses à travers les études d’Abéga sur la traite (2005) et le trafic (2007) des enfants et sans oublier les études de Mengue sur l’exploitation sexuelle des enfants (2007). L’évolution des relations familiales laisse une place croissante à l’individualité de l’enfant. La stagnation, voire la progression de la mortalité infantile dans certaines localités, conjuguées à la progression de la pauvreté des pays du tiers-monde démontrent à souhait que les progrès de la contraception sont non seulement loin de résoudre le problème de la prise en charge des enfants, mais provoque l’émergence d’enfants, à la fois abusés et choyés. Dans ce contexte, les enfants plus ingénieux et entreprenant, deviennent plus rares et valorisés. Or, selon un discours issu de la psychanalyse, ces « enfants entreprenants » sont mis en danger par l’éducation traditionnelle autoritaire (risque de formation de névroses).
Toutes les études sur le travail des enfants démontrent comment ce travail est une conséquence fondamentale de la pauvreté des pays du tiers-monde. Cette situation peut participer plus ou moins efficacement, à renverser la vapeur sur l’image positive de l’enfant porteuse de valeurs diverses. C’est dans la mêmelancée que l’ONG-Children of the World s’investit dans le cadre de ses activités à travers la mise en place des structures pour la prise en charge des orphelins et enfants vulnérables (OEV).

Avant d’aller droit au but pour dans le développement de notre sujet, il est important de signaler que tout ce qui va suivre n’a rien à voir avec un business plan de notre projet. Celui-ci fera l’objet d’un autre document qui sera conçu après étude et discussion du présent document. Certaines idées exigées dans un business plan pourraient se retrouver ici pour des raisons de bonne compréhension de notre sujet. Ce document est donc une lapalissade, ou mieux, un gros et un bref aperçu de notre vision et la description les actes concrets à mener sur le terrain. Notre position est loin d’être une panacée du problème posé ici et qui reste une préoccupation majeure de tous ceux qui sont soucieux de la situation des enfants dans le monde et au Cameroun en général.

  • QUE VOULONS-NOUS? (Le But)

La prise en charge complète ou partielle des OEV (Orphelins et Enfants Vulnérables) que nous proposons ici relève du système d’éducation qui consiste à prendre en compte le développement naturel de l'enfant qui a inspiré la philosophie de l'éducation nouvelle. On y trouve une volonté de s'appuyer sur la nature de l'enfant ce qui suppose confiance et mise en évidence d'un développement naturel sur lequel l'éducateur peut s'appuyer. Cette philosophie a pour défaut de ne pas prendre en compte la dimension sociale de l’enfant. Ce manquement est corrigé dans les oeuvres de Decroly qui a mis en exergue non seulement les pratiques novatrices autour de l’enfant en s'appuyant sur cette naturalisation du rapport de l'enfant au monde.

Ainsi, le but principal des projets se résume par :
Développer des espaces d’autonomie pour l’enfant, sans réduire pour autant sa protection afin de développer sa responsabilité et de lui apprendre son futur rôle de citoyen.

  • DESCRIPTION DU PROJET


Le Centre Social d’Accueil OEV (CSA-OEV) est conçu comme une structure d’accueil, d’encadrement et d’intégration des enfants indigents. Concrètement, cette philosophie se résume en trois niveaux : 

Le projet social :
Il consiste à définir les positions du lieu d’accueil dans son environnement, ses positions et priorités concernant les faits de société. Comme pour dire que l’environnement du CSA-OEV doit refléter le cadre de vie de ces enfants pour éviter un contraste avec leur vécu. En fait, cela permet de mettre l’enfant en confiance. Avec le temps, l’orientation de certains programmes mises à sa disposition leur permettront d’appréhender le monde dans sa complexité et sa diversité. 

Le projet éducatif :
Il consiste à construire un système éducatif à partir des valeurs éducatives reconnues comme prioritaires par l’ensemble des parents. Ce n’est pas un système qui vient mettre en quarantaine le système éducatif classique en vigueur au Cameroun. C’est tout simplement un complément mélioratif qui a le mérite de donner à l’enfant la possibilité de forger sa personnalité par la découverte de ses propres atouts. 

Le projet pédagogique :
Les professionnels utilisent leurs connaissances professionnelles pour mettre en oeuvre, au quotidien et avec les enfants et les parents les deux niveaux de projet présenté ci-dessus.

Nous ne pouvons faire l’économie de cet aspect sans définir, au préalable, les méthodes et les étapes d’organisation du travail quotidien sur le terrain. L’organisation de la prise en charge est constituée de la manière suivante, en cinq phases :


Recenser :
La première étape : La possession des statistiques est une phase importante dans la mise en place et l’application des politiques socioéconomiques. Il serait donc incongru de penser l’efficacité des actions sans la moindre connaissance de l’ampleur du phénomène des OEV (c’est un concept qui met en exergue les différentes caractéristiques des enfants en situation d’indigence, à savoir : le travail précoce, perde des parents géniteurs, absence de scolarisation, santé fragile –comme le SIDA-, handicap physique ou mental, etc.). Pour cela, il est convenu de détenir et d’actualiser tous les fichiers d’enfants recensés. Il convient de préciser que seules les zones ou les quartiers populeux seront circonscrits. 

Accueillir :
La deuxième étape consiste à s’investir sur le mode de prise en charge réservé à l’enfant recensé. Un cadre approprié et sain lui est réservé. 

Socialiser :
La troisième phase est la plus cruciale. Elle consiste à l’application des politiques de prise en charge effective. Elle tourne autour de la scolarisation, de l’hébergement, des cours de soutien, de la santé, de la nutrition, de l’habillement, des loisirs, du sport, de la culture, etc. 

Eduquer :
En quatrième étape : Ce qui reste pourtant problématique c’est le comment de la socialisation. L’éducation, point d’ancrage de notre philosophie axée sur l’autonomie qui met en exergue la relation de l’enfant avec le monde. Concrètement, cela revient à observer et à laisser l’enfant manifester sa liberté de choix. Le devoir des adultes consiste en une orientation en fonction de ces aptitudes. C’est la raison pour laquelle une diversité d’activité doit être mise au programme de la socialisation. Il appartient aux adultes de chercher et de détecter le schème d’intelligibilité de l’enfant pris dans sa nature. Si nous prenons l’exemple de la sphère de la consommation, les enfants manifestent une liberté de choix qui est le résultat des informations diffusées par les médias. Loin de percevoir la pauvreté comme cause du mal-être de l’enfant, il ne faut pas oublier de signaler ce paradoxe de l’autonomie des enfants, qui amène les parents soit à l’abandon, soit l’instauration d’une négociation qui maintient l’enfant sur ses choix de vie. Et cela est vu, de l’extérieur comme un effet de vulnérabilité pour la simple raison qu’il manifeste les signes extérieurs de cette anomalie. En résumé, il s’agit d’encadrer les enfants qui s’émancipent de plus en plus dans ce monde contemporain dominé par la technologie occidentale. 

Evaluer :
Enfin, il convient de mettre en place des systèmes d’évaluation de toutes les activités point par point. L’évaluation peut intervenir périodiquement et à intervalles réguliers. Les éléments sur lesquels on s’appuie pour évaluer sont contenus dans la formulation des objectifs spécifiques des projets.

En somme, il est question ici d’un projet conçu selon un programme structuré en trois (03) formules. Celles-ci sont interdépendantes, autrement dit, chaque formule peut être choisie indépendamment des autres et fonctionner selon ses propres canevas. Une formule pourrait faire l’objet d’une discussion et le choix de l’une ou de l’autre, ou mieux de l’ensemble du projet, sera le résultat des conclusions. Les formules ont quelques points de ressemblance qui sont bien visibles. Les différences se trouvent au niveau des objectifs de chaque formule.
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