Le temps de l’Afrique se lit dans l’histoire des espaces de vie des africains. Or l’histoire de l’urbanisation des villes africaines est enchevêtrée de plusieurs facteurs. A l’occupation clanique, tribale, voire « ethnique » de l’espace, s’est progressivement ajoutée l’occupation économique par les contraintes du commerce, l’occupation administrative par les réquisitions étatiques pour les routes et bâtiments publics, l’occupation volontariste des nouveaux citoyens épris de cosmopolitisme, l’occupation opportune des exilés africains en quête de ré-immersion sociale, l’occupation informelle du grand nombre sous la pression de l’exode rural et de la prolétarisation massive des banlieues de villes, etc. Les quartiers ou communes des villes africaines n’ont donc pas la même forme architecturale, la même composition de populations, les mêmes besoins et désirs, les mêmes arts de vivre, les mêmes traditions sociales, économiques ou politiques. (Pr Franklin Nyamsi)

ARRÊT SUR IMAGE: ...A la suite de Joseph STIGLITZ, le concept de "développement durable"

dimanche 23 janvier 2011


La définition du concept de DEVELOPPEMENT est très diversifiée et se heurte parfois à des versions quelque peu divergentes.

Mais d’une façon générale, on peut définir le développement comme étant un processus politique, social et économique cohérents et harmonieux engendrant un état de vie, d’être et de pensée favorables à l’amélioration durable et désirée des conditions de vie ; et tout ce-ci se caractérisant et s’appréciant par rapport à des références communément admises.

OAKLEY ET GARFORTH (1986) cité par HAMMANI (19997), estiment que le développement évoque une certaine forme d’action, ou d’intervention propre à influencer sur le processus général de transformation sociale. Il s’agit d’un concept dynamique qui
suppose que l’on modifie les données d’une situation antérieure ou que l’on s’en éloigne. Ils ajoutent que le processus de développement peut prendre des formes variées et tendre vers toutes sortes d’objectifs.

C’est dans le même sens et dans le contexte de conception de projet de développement rural que BOUKHARI (1997) estime que : « le développement est un changement de l’environnement (aménagement et équipement) et de CAP (connaissances, attitudes et pratiques) ». (HAFID 2003).

On perçoit par ces différentes approches qu’il n’existe pas de définition universelle communément admise qui puisse réellement cerner tous les aspects de ce concept qui se veut davantage dynamique et relatif à un contexte.

En effet l’on voit de plus en plus des attributs qui se greffent au développement afin de l’adapter aux différentes réalités du monde contemporain. Nous faisons allusion à des concepts comme le développement durable, le développement genre, le développement participatif, le développement rural…

Le concept de développement a vu le jour au cours de ces quarante dernières années et a fait l'objet d’innombrables réflexions, études, précisions et critiques lui faisant connaître de nombreux apports théoriques.

Mais d’une façon générale, le concept est resté marqué par son origine. En effet il a été établi au début pour être appliqué à une partie de l'humanité, celle qui était destinée à grandir, celle qui était enfant ou adolescent pendant la Guerre et qu'il fallait aider (comme on aide un enfant) pour atteindre la maturité. L'aide au développement des "pauvres" a été le revers de la médaille des vrais investissements chez les "riches".

AROCENA (2002) affirmait à ce sujet que « Ceux qui ont proposé l'utilisation de cette notion se sont considérés eux-mêmes comme "développés", c'est-à-dire, comme appartenant à des sociétés ayant atteint l'âge mûr. Ils devaient alors étendre les bénéfices de la maturité à toute la planète ».

Comme nous l’avons cité ci-dessus, le concept du développement se voit de plus en plus joindre de nouveaux qualificatifs dont nous essayerons d’expliciter certains comme suite :

Le concept de développement durable a fait l'objet d'une première définition dans le rapport établi à la demande des Nations Unies en 1987 par la Commission mondiale sur l'Environnement et le Développement. C’est une commission d'experts internationaux présidée par le Premier ministre norvégien GRO HARLEM BRUNDTLAND, mieux connue sous le nom de Commission BRUNDTLAND. Selon cette dernière "Le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins".

Le concept de développement durable tente donc de réconcilier des domaines aussi différents que l'économie et l'écologie, tout en veillant à une répartition équitable entre les générations, ainsi qu'entre le Nord et le Sud. En effet, les activités économiques vitales ne tiennent pas compte des limitations environnementales, elles altèrent à terme leur propre base nourricière et, par la même occasion, mettent en péril la base écologique des ressources permettant aux générations futures de répondre à leurs besoins.

Le développement participatif, basé sur le principe de l’approche participative sous-entend une vision du développement qui accorde une place privilégiée à l’implication des populations à la définition des problèmes locaux, à l’identification des solutions et à leur mise en œuvre, afin de contribuer à donner plus d’efficacité et de durabilité aux programmes qui en résultent.

C’est dans ce sens que BOUKHARI (1994) affirme que « le principe fondamental de la participation : c’est le partage de savoir et de pouvoir ». Il continue en disant que « Dans une approche participative la population n’est pas un gisement d’information mais un partenaire avec qui il faut échanger et partager l’information utile… » « …la participation, c’est penser et faire avec et non pour, c’est la responsabilisation, la concertation et la négociation ».

L’émergence de ce concept en Afrique, à la fin des années 1970 (début 1980), découle du constat des limites des stratégies de développement adoptées au cours des deux premières décennies des périodes postcoloniales. Ces approches qui étaient centralisées et verticales, ne laissaient aucune place à une participation des populations aux processus de prise de décisions. Au contraire, l’Etat s’est positionné comme étant en mesure de définir lui-même les besoins des populations et de décider des actions nécessaires pour les satisfaire alors que « le seul moyen de réussir une politique c’est d’en confier la réalisation à ceux qui ont intérêt qu’elle réussisse » (Muller 1992).

Avec une vision plus globale, l’OCDE (1989) précise que « le développement participatif suppose davantage de démocratie, un plus grand rôle pour les organisations locales, une plus grande autonomie administrative, le respect des droits de la personnes humaine, y compris les systèmes juridiques efficaces et accessibles... »

MORIZE (1992) avance que « le développement agricole consiste essentiellement à augmenter le volume des récoltes, globalement ou pour certains produits seulement. Cette augmentation se fait en augmentant les rendement par une meilleures utilisation des terres ou des autres facteurs limitants ».

De nos jours, le développement agricole inclue davantage la notion de durabilité pour protéger l’environnement, et de qualité pour améliorer le régime alimentaire des populations ou pour répondre aux exigences du marché.

La vulgarisation agricole est un moteur clé du développement agricole puisque ce dernier passe inconditionnellement par l’introduction de nouvelles productions (animales et végétales), par l’amélioration des techniques de production et par l’information et la formation des agriculteurs.

Le développement rural est la transformation positive et durable du milieu rural en faveur du facteur humain et des différentes activités in situ, en particulier l’activité agricole, par la mise en place ou le renforcement des infrastructures de bases nécessaires.

Selon MORIZE (1992): « Le développement rural consiste à améliorer tout l’environnement de l’agriculteur, considéré cette fois comme le principal bénéficiaire. Il porte à la fois sur les routes, les villages, la santé, l’éducation et sur tous les services économiques et sociaux susceptibles d’améliorer non seulement la fonction productive, mais aussi le bien être social ».

Ces différentes définitions mettent en évidence la forte corrélation qui existe entre le développement rural qui est un aménagement de l’espace rural et le développement agricole qui est augmentation des rendements des activités agricoles. On perçoit en effet que le développement rural est infrastructurel et cela constitue une base incontestablement importante pour asseoir un développement agricole solide.

Le développement local est né du constat que les politiques macro-économiques et les mesures sectorielles nationales ne s’avèrent pas très efficaces pour résoudre les problèmes qui se posent chaque jour à l'échelle locale et régionale en matière de développement économique et social.

C’est dans ce sens que VACHON (2001) pense que l'approche du développement local est originale parce qu’elle permet de mobiliser et de stimuler les éléments dynamiques et les ressources de la collectivité en vue de susciter de nouveaux projets, de déclencher et d'accompagner les processus individuels et collectifs de changement et de développement. Selon lui, l'impulsion ne viendra pas de l'extérieur mais de l'intérieur et pour ce faire, un ensemble d'actions seront engagées pour mettre le territoire en état de se développer et dès lors, de générer des initiatives créatrices d'emplois.

Il est tout de même important de préciser que le développement local endogène n’exclut pas d'aide venant "d'en haut". La complémentarité des niveaux endogène et exogène est indispensable. En effet, le premier niveau (endogène) mobilise la population, stimule les idées innovantes, élabore des projets, met en valeur les ressources disponibles, rehausse la volonté et la capacité d’agir, tandis que le second niveau (exogène) procurent les aides en matière d’investissement structurant, de formation, de financement, de support technique, de pouvoir décentralisé... Le développement local apparaît ainsi comme le lieu de rencontre entre ce qui vient de la base et ce qui vient des paliers supérieurs.

On constate par les propos précédents que le développement local repose essentiellement sur la mobilisation et la valorisation des potentialités d'un milieu qui refuse la fatalité de l'exclusion et tente de trouver des solutions à la précarité et à la pauvreté en relevant le défi de l'emploi et du développement. La démarche est basée sur les potentialités locales qui sont les différentes organisations, activités et ressources locales. A ce propos, ZANA (2003) estime que « la mobilisation des ressources locales doit précéder tout recours à l’appui des donateurs extérieurs ».

MORIZE (1992) avance que « le développement intégré est un développement logique et rationnel, visant dans un but de croissance, tous les aspects qui dépendent les uns des autres, de manière à n’oublier aucune des conditions nécessaires à ce développement ».

Le développement intégré a alors une vision globale et systémique dans les approches, contrairement à l’approche sectorielle. En effet le développement intégré, global ou systémique considère le milieu d’intervention comme un système c'est-à-dire comme « un ensemble d‘éléments interactifs, organisés et finalisés » (BOUKHARI, cours 2003).

La prise en compte effective de ces différents éléments comme un tout indissociable dans les démarches, est un impératif qui permettrait de réduire au maximum les risques d’échec et de contribuer par conséquent à la réalisation des résultats satisfaisants dans les différentes actions de développement.

Après cette série de définitions relatives au développement, il est évident que le mot quelque soit le qualitatif attribué, se rapporte toujours au changement, à la transformation à l’amélioration d’une situation à une autre jugée préférable.
Il est un processus qui a besoin d’une méthode pour que l’esprit du concept « sorte de lui-même » pour se concrétiser en réalité sur le terrain. Pour cela il faudrait œuvrer davantage pour l’élaboration de programmes de développement pertinents. Ce travail doit se faire avec des stratégies bien élaborées et des objectifs réalistes sous des conditions politiques privilégiant la démocratie, la transparence, la bonne gouvernance et la prise en considération de certains nouveaux concepts comme la mondialisation.
Les coopérations partenariales au développement doivent se revêtir de nouveaux principes favorisant des interventions répondant aux préoccupations réelles des populations qui sont les seules à pouvoir exprimer correctement leurs besoins.
A ce propos, MENHATMA GANDHI affirmait que : « ce que vous faites pour moi mais sans moi, vous le faites contre moi ».

*B. YODA, 2004 – GESTION PARTICIPATIVE DES PROJETS DE DÉVELOPPEMENT : Outils et Méthodes d’intervention - Mémoire de 3e Cycle en agronomie, ENA, Meknes

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